Publié le 21 Décembre 2016
Être dans la mafia : Faire partie d'un groupe de coureurs d'équipes différentes mais alliés de circonstance.
En Pays de Loire, dans les courses première catégorie, il s'organisait parfois des mafias, surtout entre vieux briscards et anciens professionnels isolés dans des clubs différents . Au départ des courses, ils étaient seulement 3 ou 4 coureurs puis au fur et à mesure des kilomètres d'autres coureurs qui marchaient bien pouvaient intégrer ce groupe. Il fallait se battre si l'on voulait entrer dans la mafia, aller chercher des primes et faire la course. Il y avait tout de même une belle bagarre car c'était chacun pour soi, tous les gars de la mafia voulaient gagner. Les primes et les prix étaient partagés après la course, ils s'assuraient ainsi un petit gain à chaque course. Ces coureurs étaient des alliés de circonstance mais ce n'était pas tout à fait comme des courses achetées…
Parfois, il y avait deux mafias dans la même épreuve.
En Pays de Loire, il y avait beaucoup de clubs structurés (VC Challans, UC Montoise, VC Charente Océan, VC Herbiers, AC Bourg, SV Fontenay...), les courses se déroulaient en général par équipes de club.
En Aquitaine, c'était une autre histoire !
On tombait sur des mafias de 10 à 15 coureurs, qui se côtoyaient sur les nombreuses courses qui se déroulaient dans les fêtes de villages.
Les coureurs se connaissaient bien et cadenassaient l'épreuve, la course n'avait plus beaucoup d'intérêt pour le public.
Lorsque l'on descendait courir en Aquitaine avec Eric Chauvet ou Andy Hurford, le chef de la mafia venait nous voir au départ mais on décidait de ne pas entrer dans leurs « magouilles », on préférait rester entre nous, c'était plus intéressant. On arrivait toujours à bien se classer et on faisait les classements annexes (grimpeurs ou points chauds). Parfois, les organisateurs nous remboursait les frais de déplacement pour venir courir chez eux.
De plus, le public en général, était content de nous voir arriver pour donner un peu de nouveau à ces courses.
En juillet et août on pouvait courir tous les jours et on avait même le choix parmi les courses de village.
En 1989, avec Andy, on avait fait une virée dans le sud ouest, on avait couru à Lamothe (40), Langon (33), Gabarret (40), Miramont de Guyenne (47), Sore (40), Billère (64), Pontacq (65), Villeneuve de Marsan (40)… dans cet ordre et tous les jours à suivre. La course de Gabarret s'était déroulée le matin, Andy avait remporté le classement des grimpeurs et on avait fait tous les deux une bonne place, Andy aurait bien voulu courir une deuxième course le soir en nocturne à côté de Biarritz mais c'était interdit de faire deux courses la même journée. Quelques coureurs le faisaient quand même.
Sur certaines courses, le chef de la mafia venait me voir dans le peloton pour que l'on soit dans le coup avec eux, je lui répondais que je n'étais pas seul à décider et qu'il fallait aller demander à Andy qui était déjà seul en tête… et à ce moment là, la course était jouée, ce fut le cas à Saint Maurice des Lions (87), à Sore (40)*, à Billère (64)…
*Sore (40) : Andy avait été déclassé à la deuxième place parce qu’il avait changé de roue. Je faisais 3ème de cette course.
Avec Eric Chauvet en 1984 , nous avons fait un critérium dans le Lot-et-Garonne , à Tonneins si je me souviens bien, nous avions un circuit d'un kilomètre à parcourir cent fois . Ce jour là, il y avait de nombreuses primes, distribuées tous les trois tours, vers la mi-course je décide de sortir du peloton pour en ramasser quelques unes. Je fais trois tours seul en tête de course, pas de primes annoncées au podium, puis six tours en tête, toujours pas de primes, je décide donc de me relever et d'attendre le peloton. Le tour suivant le speaker annonce une grosse prime au passage sur la ligne ! j'ai appris plus tard qu'il arrivait que le speaker était lui aussi de mèche avec la mafia… je n'ose pas y croire !