Plumelec 2003.

Publié le 15 Mars 2016

Plumelec 2003.

Le 31 mai 2003 :

A Travers le Morbihan. L'épreuve, née en 1982, représente chaque saison l'un des sommets de la Coupe de France. Le circuit final et sa fameuse côte de Cadoudal sont devenus incontournables dans le paysage du cyclisme hexagonal.

Nicolas Vogondy est parvenu à trouver en Sylvain Chavanel (Brioches La Boulangère) et Andy Flinckinger (Ag2r Prévoyance) deux valeureux alliés pour entamer en tête, comme l'an passé, la 12ème et dernière ascension de la côte de Cadoudal. Dès les premières pentes, Flickinger a lâché prise, laissant Vogondy et Chavanel s'expliquer au sprint au sommet. Cette fois, Vogondy ne s'est pas fait avoir et a laissé Chavanel lancer le sprint. Il a ainsi triomphé en bleu-blanc-rouge à Plumelec. Tout un symbole à un mois des Nationaux...

Fabrice Salanson avait encore été l'un des principaux animateurs de la course et il avait finalement pris la quatrième place après s'être échappé à trois tours de l'arrivée, fidèle à son tempérament d'attaquant. Il avait disputé le Tro Bro Leon le lendemain.

Classement :

1. Nicolas Vogondy (FRA, FDJeux.com) les 181 km en 4h27'26" (40,6 km/h)
2. Sylvain Chavanel (FRA, Brioches La Boulangère) à 1 sec.
3. Andy Flinckinger (FRA, Ag2r Prévoyance) à 14 sec.
4. Fabrice Salanson (FRA, Brioches La Boulangère) à 1'21"
5. Jérôme Pineau (FRA, Brioches La Boulangère) à 2'42"
6. Bradley McGee (AUS, FDJeux.com) à 2'45"
7. Patrice Halgand (FRA, Jean Delatour) à 4'18"
8. Cédric Vasseur (FRA, Cofidis) à 4'33"
9. Baden Cooke (AUS, FDJeux.com) m.t.
10. Stéphane Goubert (FRA, Jean Delatour) m.t.

A Travers le Morbihan 2003 (photos "Le Télégramme")
A Travers le Morbihan 2003 (photos "Le Télégramme")

A Travers le Morbihan 2003 (photos "Le Télégramme")

Le 03/06/2003 14:45

Un nouveau drame secoue le vélo. Le Français Fabrice Salanson a été retrouvé inerte dans sa chambre d'hôtel.

3 jours avant, dans ses colonnes, Ouest-France titrait en gras "Fabrice Salanson est de retour". Le Nantais de 23 ans, considéré comme l'un des grands espoirs du cyclisme français, avait pris la veille la 4ème place d'A Travers le Morbihan, et ce après trois mois de souffrances. Le 6 février, au moment d'entamer sa 4ème année chez les pros dans l'équipe Brioches La Boulangère, Fabrice avait heurté un mur dans le final de la 2ème étape de l'Etoile de Bessèges. Immobilisé pendant deux mois et demi en raison d'une fracture de l'omoplate, le jeune Salanson avait pris son mal en patience en attendant sa reprise au Tour de Vendée.

Puis il avait disputé le Tour des Asturies et la forme était progressivement revenue. Le samedi, du côté de Plumelec, Fabrice avait manqué de peu le bon wagon et avait finalement achevé l'épreuve en 4ème position. Il avait alors déclaré : "je n'ai que treize jours de course au compteur. A cette période de la saison, la fraîcheur compte et j'essaie d'en profiter. Je me sens de mieux en mieux. J'espère que cela va continuer sur le Tour d'Allemagne, ma prochaine course." Un tragique destin allait pourtant se mettre en travers de sa route. La veille, les coureurs de Brioches La Boulangère étaient réunis dans leur hôtel allemand, à Dresde. Ils avaient dîné, échangé des plaisanteries. La routine.

Puis chacun était monté dans sa chambre, Fabrice Salanson s'était couché tôt afin de préparer au mieux la première étape du Tour d'Allemagne. Le matin à 8h30, son voisin de chambre Sébastien Chavanel eut une vision cauchemardesque en ouvrant les volets. Son coéquipier était étendu sur le sol, une jambe sur le lit. Immobile. Inconscient. Très vite, un médecin était sur place. Mais il n'y avait plus rien à faire. Fabrice Salanson s'était envolé dans son sommeil, probablement entre 2h30 et 4h00 du matin.

La nouvelle a été apprise avec douleur par l'ensemble du monde du cyclisme, une nouvelle fois endeuillé après les décès tragiques de Denis Zanette en janvier et d'Andreï Kivilev en mars. Le directeur sportif, Christian Guiberteau, et les coureurs de Brioches La Boulangère, ont pris la décision de ne pas participer au Tour d'Allemagne.

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L'équipe Brioches la Boulangère a été endeuillée par la disparition d'un de ses jeunes espoirs, Fabrice Salanson, qui est mort dans son lit la veille du Tour d'Allemagne. Inévitablement, la première réaction de beaucoup de gens a été de se demander si sa mort pouvait être liée à l'abus de drogues. Une réaction à tort, comme l'autopsie l'a prouvé, et comme le souligne Philippe Raimbaud.

" Écoutez ! Je vous arrête tout de suite. Si vous, vous mourez ­ je vous le souhaite pas ­ ce soir dans votre lit, personne n'ira faire de réflexion. Fabrice était un coureur 100% propre. Il l'a prouvé parce qu'il était en permanence le premier à mettre son corps à la disposition de la science pour mener des recherches, aussi bien au CHU de Nantes (au centre hospitalier universitaire de Nantes) que par exemple pour des recherches menées par le CNRS à Marseille, deuxièmement la police allemande a ouvert une enquête : tous les produits qui ont été saisis dans l'hôtel, les sels minéraux ou les vitamines qu'il pouvait avoir dans sa valise, ont été analysés et on n'a évidemment rien trouvé de répréhensible. C'était des produits tout à fait normaux. Deuxièmement son corps a été autopsié. Il y a eu des analyses sanguines, urinaires, des analyses de cheveux, puisque vous savez que sur les analyses de cheveux on peut retrouver sur une longue période s'il y a eu absorption de produits dopants. Et on n'a rien trouvé. Donc il faut arrêter de faire, ce qu'on appelle en France de l'auto­allumage. Il n'y a rien. Je veux pas qu'on salisse la mémoire de Fabrice Salanson. Tous les tests qui ont été faits ont été négatifs et il ne faut pas mélanger cette affaire, qui n'en est pas une d'ailleurs, qui est la dramatique disparition d'un homme, comme il en existe tous les jours, et pas seulement chez les cyclistes, chez les agriculteurs, chez les ouvriers, chez les patrons, chez les enfants, chez les sportifs, chez les non sportifs. Ce n'est pas une affaire de plus dans le cyclisme. C'est un drame, mais qui n'a rien a voir avec le dopage". (Laguinguette)

Tour d'Allemagne en 2002.

Tour d'Allemagne en 2002.

Dimanche 29 juin 2003, Championnat de France.

Comment ne pas évoquer le Championnat de France lorsqu'il s'agit de revenir sur l'anecdote la plus marquante concernant Didier Rous ? Ce matin-là à Plumelec, le souvenir de Fabrice Salanson, son camarade décédé quatre semaines plus tôt, est dans toutes les mémoires. Au départ, Didier discute avec son pote Nicolas Jalabert. Les liserés bleu-blanc-rouge qui ornent les manches de son maillot rappellent qu'il a déjà enlevé le titre précédemment. Mais celui qu'il s'apprête à aller chercher sur le difficile circuit de Plumelec est bien plus fort émotionnellement. Stimulés par la mémoire de Fabrice Salanson, Didier et ses copains de l'équipe La Boulangère verrouillent la course. Rien ne se passe sans l'intervention des hommes au maillot rouge. Didier s'échappe à 80 km de l'arrivée. Une folie mais, de son paradis, Fabrice aide Didier et lui permet de vaincre. Rous est champion de France. Il franchit la ligne les doigts pointés vers le ciel, puis craque au milieu des journalistes émus. Dans l'aire d'arrivée, alors que les coureurs de la Boulangère fondent en larmes, il règne une étrange atmosphère. Pas d'effusion de joie. Rien qu'un hommage. Un bel hommage. (vélo101)

Le souvenir le plus fort : 2003, pour Salanson

Le plus fort, le plus émouvant, c'est à Plumelec, quand Dider Rous gagne le titre (2003). On avait perdu notre équipier Fabrice Salanson (décédé après un arrêt cardiaque dans son sommeil) à peine un mois avant. C'est un grand souvenir émotionnel. Sa perte est tragique, il est toujours présent dans nos mémoires, mais c'est un grand souvenir collectif. On avait fait un super championnat. Didier avait fait un très grand numéro, il avait écrasé la course en faisant 60 kilomètres tout seul. Et moi derrière j'avais réussi à contrôler leurs ardeurs de coureurs comme Richard Virenque, Patrice Halgand, Christophe Moreau, Benoît Salmon ou Andy Flickinger pour que Didier aille cueillir son titre. C'est un grand souvenir pour moi, c'était une journée tellement particulière… Ça reste un des plus beaux jours de ma carrière sur un vélo. (Jérôme Pineau, article du 28.06.2015 de Benoît Vittek à Eurosport).

Ci-dessous, la vidéo du championnat de France 2003.

Rédigé par Philippe

Publié dans #F.A.B.R.I.C.E.

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